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La manne pétrolière d’Afrique s’épuise sans profiter au développement

dimanche 2 décembre 2007


JOHANNESBURG - Les réserves pétrolières d’Afrique, limitées par rapport à celles du Proche-Orient, risquent de s’épuiser sans que les pays producteurs aient mis ces richesses au service de leur développement, ont averti des experts réunis à Johannesburg.

Une fois les revenus du pétrole "perdus à cause de la corruption et de la mauvaise gouvernance, l’opportunité est passée et ne reviendra pas", a souligné Diarmid O’Sullivan, de l’ONG Global Witness, lors d’une conférence cette semaine à l’Institut sud-africain pour les affaires internationales (SAIIA).

"La richesse pétrolière peut être légèrement toxique, comme l’alcool. Si l’on a pas une constitution solide elle tend à vous rendre instable", a-t-il ajouté.

Un pays comme l’Angola, deuxième exportateur de pétrole d’Afrique et dont la croissance dépasse aujourd’hui de loin celle de toutes les économies du continent, dispose par exemple de réserves avérées de moins de 20 ans de production au rythme actuel.

"Quand le pétrole sera épuisé, ce sera fini", a lancé O’Sullivan devant le parterre d’experts réunis autour de l’exploitation des ressources naturelles d’Afrique.

Or le niveau de vie moyen dans les pays producteurs de pétrole est souvent inférieur à celui de leurs voisins.

Ainsi l’Angola est-il le premier importateur mondial de véhicules tout-terrain de luxe alors que 70% de la population du pays, détruit par 27 années de guerre civile, vit dans une extrême pauvreté avec moins d’un dollar par jour, souligne Alex Vines, responsable pour l’Afrique de l’Institut royal britannique pour les affaires internationales.

Le pays, indépendant du Portugal depuis 1975, approche les deux millions de barils par jour. C’est aussi l’un des principaux fournisseurs de la Chine et de son économie en pleine croissance, qui en échange contribue à la reconstruction des infrastructures.

"Le budget national de l’Angola est estimé à quelque 31 milliards de dollars et pourtant la mortalité infantile (moins de cinq ans) est la deuxième plus élevée au monde", ajoute Vines.

En Guinée équatoriale, où 80% du revenu national va à 5% de la population selon les Nations unies, les dépenses sociales, notamment pour la santé et l’éducation, diminuent alors que la richesse s’accroît, a-t-il poursuivi.

Même au Nigeria, premier producteur d’Afrique où des progrès marquants ont été accomplis en termes de transparence et de lutte contre la corruption, la pauvreté touche 70% de la population contre 30% en 1970, selon lui.

Le Nigeria a rejoint un groupe de pays exploiteurs de ressources naturelles pour la transparence, une initiative internationale visant à contraindre les entreprises extractrices à publier ce qu’elles payent et les gouvernement ce qu’ils reçoivent.

Correctement gérées, les ressources naturelles peuvent constituer une vraie chance pour l’Afrique, mais il est urgent que les pays producteurs, notamment de pétrole, diversifient leurs économies, avertit Vines.

"L’Afrique n’est pas l’Arabie saoudite. Le pétrole est limité en Afrique sub-saharienne", a insisté l’expert.

Selon le président du SAIIA, Fred Phaswana, des signes de démocratisation en République démocratique du Congo, Sierra Leone et Liberia donnent des "raisons d’être prudemment optimistes".

Il a appelé les investisseurs internationaux à réfléchir à la nature des régimes qu’ils soutiennent de facto, surtout dans un contexte de compétition croissante pour l’accès aux ressources.

"Les anciennes puissances coloniales sont de plus en plus mises au défi sur le continent africain par les économies émergentes de géants comme la Chine, l’Inde ou le Brésil", note Phaswana. "Ce qui n’est pas encore clair, c’est de savoir quel en sera l’impact en termes de gouvernance et de conflits".

AFP / 02 décembre 2007


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