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NIGER - Pour dénoncer leur marginalisation : Les artistes lancent un opus collectif

Écrit par Mouhamadou THIAM

mercredi 8 octobre 2008

Une trentaine d’artistes nigériens des plus en vue viennent de lancer un tube collectif dans lequel ils dénoncent l’exclusion dont ils se disent victimes de la part des autorités en charge de la promotion culturelle ainsi que de l’absence du statut de l’artiste professionnel.


Voir en ligne : Le Quotidien

Intitulée Walahi Assi Ga té ! (Par Dieu, ça ne va pas du tout, en langue sonraï), cette chanson qui passe à longueur de journée sur la plupart de la douzaine de stations de radio de la capitale nigérienne constitue, selon ses initiateurs, « un cri de cœur pour sauver l’art au Niger ».

« On ne fait pas avec nous, on ne nous associe pas quand c’est du bon, mais lorsqu’il s’agit du folklore, nous sommes d’emblée sollicités. Cette situation doit cesser », a indiqué à Apa, le chanteur Mali Yaro. Pour sa consœur Fati Mariko, les artistes, également, « ont du cerveau pour réfléchir. Qu’on arrête de nous exploiter, on en a marre ».

Le collectif d’artistes accuse les responsables du ministère nigérien de la Culture de concevoir des stratégies de développement artistiques qui s’opposent aux préoccupations réelles de l’artiste. Cette situation est déplorée par le reggaeman Black Mailer pour lequel, les artistes sont aussi des acteurs sociaux, politiques et économiques, en somme, des citoyens à part entière. « On doit compter avec nous sur toutes les questions de la Nation, la cloche de l’engagement de l’artiste nigérien a sonné, point de place à l’exclusion », soutient-il.

Les artistes et opérateurs culturels nigériens ont fondé beaucoup d’espoir au sortir de l’atelier national de validation des documents de politique culturelle du Niger, tenu à Niamey du 17 au 19 septembre 2007. Les conclusions de ces travaux devaient ouvrir la voie pour que l’artiste nigérien soit reconnu comme un travailleur, une personne qui produit de la valeur et enrichit la société par son travail, jouissant en contrepartie du droit à la juste rémunération et à la protection sociale. Cependant, renchérit le musicien Boureima Disco, « aujourd’hui, on nous barre la route, on veut nous étouffer ; l’artiste est laissé à lui-même ».

De l’avis de l’universitaire Saley Boubé Bali, la marginalisation de la culture constitue une cause de sous-développement. Depuis une décennie, explique-t-il, le fait « qu’un pays comme le Niger réduit le concept de culture à l’animation festive (…) sous la conduite d’administrateurs et animateurs vivant en autarcie, coupés des réalités, des échanges culturelles et de production, tout processus global du développement et de l’intégration est voué à l’échec ».

« En dépit de l’engagement des artistes pour une intégration sous-régionale, le Niger est à la traîne, surtout quand il s’agit de la diffusion des produits culturels », déplore Dr Baly, également enseignant à l’Université de Niamey.
De son côté, le rappeur Phéno B suggère de combattre « ceux qui exploitent et instrumentalisent les artistes », ce qui facilitera, selon lui, de « repartir sur de bonnes bases ».


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